Perles d'Afrique

Perles d'Afrique

Angola, 10 de paix! le Figaro

L'Angola célèbre 10 ans de paix
Publié

L'Angola célèbre demain le 10ème anniversaire de la fin de la guerre civile avec des marches et concerts à la gloire du président José Eduardo Dos Santos, à la tête d'un régime aujourd'hui contesté, mais présenté comme le pacificateur et le reconstructeur du pays.

Temps fort des célébrations, Dos Santos, également chef du parti au pouvoir, le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA), doit inaugurer un monument pour la paix à Luena, la capitale de la province de Moxico (sud-est).
C'est près de cette ville qu'a été tué, le 22 février 2002, Jonas Savimbi, le leader des forces rebelles de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita).
Sa mort avait mis un terme à 27 ans de guerre civile, permettant la signature le 4 avril 2002 d'un cessez-le-feu à Luanda, la capitale, secouée par 42 ans de combats commencés avec l'insurrection contre le Portugal en 1961.
A l'indépendance en 1975, le pays a basculé dans la guerre civile, qui a opposé le MPLA, originaire de Luanda et soutenu par Cuba et l'Union Soviétique, à une alliance Unita-Front national de libération de l'Angola (FNLA), aidée par les Etats-Unis et le régime de l'apartheid en Afrique du Sud.
Après avoir été un champ de bataille de l'affrontement Est-Ouest, les deux camps signent sous la pression internationale un accord de paix le 31 mai 1991 qui prévoit la tenue d'élections avant la fin de l'année 1992. Le MPLA arrive en tête du scrutin, faisant de Dos Santos le président du pays.
Contestant ce résultat, le chef de l'Unita Jonas Savimbi reprend les armes, se finançant grâce à l'exploitation des mines de diamants, jusqu'à ce que son décès dans une fusillade avec les forces gouvernementales angolaises signe la fin du conflit.
La guerre a fait un demi-million de morts et provoqué le déplacement de quatre millions de personnes dans un pays de 18 millions d'habitants environ. Elle laisse le pays exsangue avec une grande partie de ses routes, infrastructures et villes détruites.

Contaminé par les mines

Dix ans après la fin de la guerre et malgré un développement économique certain, l'Angola porte encore les stigmates du conflit, et la paix n'est pas revenue dans l'enclave de Cabinda (coincée entre les deux Congos), foyer de tensions séparatistes.
Le pays est l'un des plus contaminés au monde par les mines et les restes d'explosifs de guerre.
Selon l'Observatoire internationale des mines et des armes à sous-munitions, près de 2,4 millions de personnes, soit environ 17% de la population, vivent dans une zone à risque en raison de la présence de mines.
Preuve de l'ampleur du travail de déminage restant à accomplir, le pays a demandé le 31 mars dernier un report du délai d'exécution de la Convention d'Ottawa, traité international sur l'éradication des mines, qui imposait à Luanda d'avoir nettoyé l'ensemble du pays de ses engins explosifs avant la fin de l'année 2013.
"Un autre héritage de la guerre est le manque d'efficacité des politiques publiques, qui n'étaient pas la priorité pendant le conflit", estime Markus Weimer, spécialiste de l'Angola à l'Institut de recherche Chatham House de Londres.
De même, l'actuelle faiblesse du niveau d'éducation de la population résulte de l'incapacité de toute une génération d'Angolais à suivre des études durant la guerre, ajoute l'expert.
Pour le sociologue angolais Joao Baptista Lukombo Nzatuzola, la vie politique reste très marquée par le conflit, comme en témoigne la forte culture du chef et la réticence au débat interne dans l'ensemble des partis.
"On peut parler d'un blocage mental face au débat contradictoire", explique-t-il, citant l'absence de véritables primaires au sein des partis mais aussi la répression des manifestations organisées depuis un an par des jeunes hostiles au président, au pouvoir depuis 33 ans et âgé de bientôt 70 ans.
Les protestataires dénoncent l'absence de démocratie, la corruption du régime et la pauvreté endémique indigne d'un pays pétrolier.
Des élections législatives sont prévues en septembre. Ce scrutin ne sera que le troisième depuis 1975, après celui de 1992 et celui de 2008 qui a vu le MPLA remporter plus de 80% des sièges de députés.



06/04/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 45 autres membres