Perles d'Afrique

Et si…

Et si nous entrions dans ces quarante jours comme  dans un champ de blé

Les couleurs du désert ondulant au rythme de la danse qui agite les épis

Murmurant le chant de l’histoire que promène le vent ;

Le regard posé vers l’espérance d’une récolte bientôt engrangée.

Et si « nous revenions de tout notre cœur » d’une utopie de vie ailleurs

Pour habiter l’espace où nous sommes et nous y engager pleinement.

Si la vie de l’autre là-bas devenait objet d’action de grâce et de joie 

Cessant d’être le rêve de ce que je n’ai pas et la source de mes impatiences

Et si « nous déchirions nos cœurs » au lieu de nous entre déchirer

Dans des luttes ou chacun veut s’approprier le bien de l’autre

Et ne savoir à la tombée du soir, que faire de ces richesses amassées

Tourmenté la nuit de ne savoir comment protéger « fortune frelatée » !

Et si nous écoutions Celui qui ne fait pas d’éclat, ne s’impose pas

Celui qui se propose de nous accompagner dans le secret de la tente

Dans le secret de la main tendue qui s’oublie de générosité

Dans le secret d’une table simple et ouverte au cœur affamé.

Et si tout à coup quarante nous semblait petit et court

Et si la vie toute entière se donnait en fraternité et humilité

Et si le bruit des combats et des revendications légitimes

Trouvait une réponse pacifique dans une humanité recomposée.

Et si le désert de nos fragilités pouvait nous rapprocher, nous unir

Comme il unit ceux et celles qui aujourd’hui aux frontières du Sahara

Accueillent leurs frères et sœurs réfugiés, partageant le pain

Celui même qui au nord pourrait manquer. L’espérance se donne.

Et si nous entrions dans ces quarante jours comme  dans un champ de blé

Les couleurs du désert ondulant au rythme de la danse qui agite les épis

Le murmure du vent s’est fait entendre, il vient du Levant.

Il annonce la fin de la nuit,  le soleil sortira vainqueur, et le pain bruni.

                                            9/3/11 Mercredi des Cendres, Laurence