Perles d'Afrique

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la lame et les étincelles...Aïd Moubarekum!

 

La lame et les étincelles…

 

Bientôt le jour qu'ils attendent tous. Remarque, moi cela me donne l'occasion d'exister pendant quelques temps, une semaine tout au plus. Mes éclats jaillissent et l'admiration des plus petits n'est pas sans me déplaire. Je brille de tous mes feux pour eux. Oui pour eux seulement je me console d'être à l'honneur sachant bien avec quel rouge l'ont me remplacera.

Aux coins des rues les meules brulent  le fils d'où je renais à chaque tour.

Je m'applique à chaque tour pour devenir plus fine. La rouille s'était presque emparée de moi. J'avais oublié mes crimes. Ils me sont pardonnés. Certains disent même qu'ils sont bénis. Comment y croire totalement : alors je me laisse grignoter par le temps espérant l'oubli des humains….mais la meule revient me frotter le dos et me redonner une nouvelle jeunesse. Et ces autres folles qui s'élancent dans le vent attirant les regards des enfants. Lumières éphémères, elles ne savent pas que leur joie n'est pas la mienne.

Demain peut-être ou un autre jour la laine sera rouge.

 

Les étincelles se sont émues et arrêtées dans leur course:

  « Quel murmure se fait entendre sous la lame effilée? Des plaintes à l'heure où son corps s'efface sur le roulement ininterrompu ? » Elles reviennent s'étendre sur le lieu de leur naissance et écoutent cette voix profonde et presque silencieuse.

 

La lame se souvient. Bien longtemps déjà. Un vieil homme et son fils, fils qu'il chérit. Une Voix intérieure qui surprend par son invitation. Une barbe blanche où coule une larme. Il donnera sa chaire si elle s'accorde à la Voix. Communion dans la confiance. Lame as-tu déjà frôlé le coup d'un homme ?

Elle se souvient de son angoisse à y penser ; instrument dans les mains d'un père dirigé vers un fils. Cruelle destinée. Mais l'amour a triomphé et la jugulaire du  bélier  seule fut tranchée. Frissons qui lui courent encore le long de son flan effilé. Tant d'années écoulées…Celui qui sait s'est manifesté.

 

Mais l'angoisse chaque année lui revient en cris et en murmures que seules les langues de feu surprennent.

 

 

 

                                           Laurence,  l'Aïd el Kebir….Nov 2010



15/11/2010
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