Perles d'Afrique

Perles d'Afrique

le Petit Prince Enchanté

« Le Petit Prince Enchanté… »

 

« Dessine moi un mouton… » La voix se fait plus légère, comme impressionnée…  « Dessine moi un mouton ». Il lève les yeux, la bouche grande ouverte et les yeux aussi, ses cheveux blonds au vent d’octobre, l’écharpe d’un matin déjà frai nouée autour du cou.

Sa propre voix résonne dans sa petite tête « dessine moi un mouton »…et comme tout enfant sait sa toute puissance, il ne s’étonne pas. Il savoure le moment présent…  « Dessine moi un mouton »… Se tournant, ses yeux confirment ce qu’il ressent. Il peut !

Plus on est petit, plus on sait voir loin, au-delà du réel, à travers le réel ; et créer !

« Dessine moi un mouton »… Sa pensée agit. Il est là, il bêle déjà, peut-être plus gros qu’il ne l’avait imaginé. Et sa force n’en est que plus grande. Et puis, un frisson de satisfaction enfantine quand après avoir rêvé à un simple cadeau, il en reçoit plusieurs. Et là, ma foi, il est comblé !

Les balcons se sont animés de mousses jaune ondulantes. Il en devine la douceur. Son nez le démange bien un peu, mais il rejette ce qui est un désagréable pour goûter le meilleur. Ce qui le chatouille aux narines rend ce qu’il voit plus réel encore. 

« Dessine moi un mouton » …  Il les aurait voulu plus proches, mais son regard savoure l’instant. Ses nouveaux compagnons improvisent une complainte d’immeuble en immeuble. La magie du  désir d’un enfant leur aurait donné des ailes pour aller si haut ? Il y croit. Un mouton ailé. Plusieurs moutons ailés. Pour lui, cela n’a rien d’incongru, ni d’effrayant. C’est puissant !

Un mouvement attire son attention. Un garage s’ouvre et puis un autre, des dizaines de moutons le regardent, complices. Il crée au fil de sa pensée. Encore cet étrange parfum qui doit venir d’ailleurs. Son mouton à lui, il respire la rose. Il salue « son » œuvre et rentre ; Il les compte, trop nombreux, sur les balcons, dans les jardins, dans les garages, dans les voitures. Satisfaction d’un enfant au cœur pure, d’un petit Prince.

Il dort. Il ne se réveillera plus qu’après la fête, gardant en lui la beauté de son désir. « Dessine moi un mouton »… car il a peur du rouge…

 

 

C’était 6 jours avant l’Aïd El Kebir (Tabaski), à Alger, au dessus de la Faculté Centrale.

 

Laurence, pour Soso, Eskimo, et les autres enfants...



22/10/2012
1 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 45 autres membres