Perles d'Afrique

Retour d'Alger

Un minaret s'élève dans le ciel sans être porteur des désirs du peuple. Sa lumière éblouit plus qu'elle n'éclaire les quartiers défavorisés de la ville.

Un drapeau se dresse comme pour appeler à lui le pays dans la tourmente, il n'a plus de pilote à sa ressemblance. Les 3 couleurs, vert, blanc, rouge, volent dans le vent de l'Histoire et d'une liberté encore à conquérir.

Un minaret perce le ciel d'Alger, là où les hôpitaux s’effritent et se peuplent à nouveau de rongeurs en quête de pitance.

Et pourtant, elle est belle avec ses grands palmiers de béton et son dôme tout en dorures. 

Elle ne portera pas son nom, le "roi" est déchu, comme le peuple est déçu.

Son appel sera trop haut s’il s'échappe de son sommet. Il survolera le peuple soit l'assourdissant, soit sans être entendu.

Pourtant, si l'Histoire prend le bon chemin, elle pourrait se mettre à son service. Elle pourrait illuminer de sa sagesse, de sa culture, de sa passion pour l'humanité, le monde entier.

Et ce haut minaret, qui aujourd'hui crie au gaspillage, à la fausse générosité, à la vanité, ce haut minaret deviendrait l'étoile d'un renouveau pacifique entre l'Occident le l'Orient.

J'ai posé sur lui un regard fasciné et bienveillant, autant que déçu. J'ai posé sur la grande dame un regard de tendresse, elle est à eux, à ce peuple dans la rue chaque vendredi, véritable prouesse! Elle est à ces femmes qui revendiquent plus que pour elles, un pays libre de son destin, libre de refaire fleurir sur son passé victorieux, le force des grands comme celle de l’Emir Abdelkader.

Nous en avons fait le tour avec émotion, comme face au symbole du passage à ce nouveau monde attendu depuis un demi-siècle.

Elle est à eux pour que ses dorures les enrichissent, qu'elle devienne objet de fierté et non plus de honte.

J’ai regardé ce minaret, dressé tel un doigt en profession de foi, imaginant le peuple comme l'autre doigt du V de la victoire...

Laurence , 8 mai 209