Perles d'Afrique

Perles d'Afrique

retrouvailles avec deux anciennes enfants du centre d'écoute d'Alger...

Deux enfants devenues femmes portant dans leurs bras chacune un ange.

 

L’une timide, à peine sortie de l’enfance, portant lourd le cadeau de sa quête de tendresse, et peut-être aussi d’un peu de richesse, téléphone, nourriture. C’est elle l’aînée.

 

L’autre joviale, depuis longtemps adulte avant l’âge, portant joyeusement le présent de son destin, gardant la main et le pouvoir sur le chemin que prend sa vie. Du moins c’est ce qu’elle laisse paraître.

 

Eux, les petits, ils ne savent pas ce que la joie de nos retrouvailles cache de drames.

 

Elles avaient l’une quatorze an, l’autre onze (disait-elle).

Arrivée la première, A. suivait sa tante toutes deux fuyant les événements sanglants de Côte d’Ivoire. Donc pas vraiment mineure non accompagnée, et cependant sa solitude d’enfant l’a menée vers nous. Un autre enfant de son pays côtoyait déjà le centre d’écoute. Leur jeunesse nous a demandé d’être créatifs, innovants, plus proches. Elle nous a transformés, pour le meilleur.

 

E., elle, n’est pas arrivée seule, un frère, vrai, faux, qu’importe, elle était si jeune du haut de ses 11 ans déclarés, sa soif d’affection, sa force intérieure. Elle vient de RDC.

 

A cette époque, une quinzaine de mineurs non accompagnés, en fratrie ou pas, étaient logés dans un immeuble insalubre d’Alger, dortoir miteux, mais sécurisés, payé par les associations. Ils dormaient sur de vieux matelas crasseux et plein de puces de lit. Deux autres filles du pays d’E. dormaient dans ce dortoir avec elle. L'une d'entre elle est aujourd'hui aux Etats Unis.

 

Ils allaient en être chassé, tous, et recueillis par les adultes réfugiés et dans notre centre qui alors sera secoué de vie, de souffrance, d’espoir d’enfants.

 

E. et A. étaient bonnes élèves. Elles suivaient les cours dans une école Algérienne qui enseigne en Français. Elles auraient pu simplement suivre leur scolarité jusqu’à avoir un métier. Mais dans un pays étranger, loin de leurs parents, loin de tout repères sociaux et culturels, les jeunes cherchaient leurs racines auprès des adultes de leurs pays. Eux, sans complexe les ont accueillies, certains dans leur lit. Si les adultes le décidaient, elles étaient ensuite envoyées dans d’autres pays pour y « perdre » l’enfants qu’elles auraient pu porter.

 

Je ne sais rien de ce qu’ont vécu ces deux jeunes femmes qui rient à ma table, qui m’offrent leur présence, que je retrouve avec leur sourire de cette époque, et le respect qu’elles avaient pour l’adulte que j’étais. Ou ce que j'en sais je ne puis l'écrire ici. Je les accompagnais avec bienveillance, quel que soit le chemin qu’elles prenaient et qu’elles ont emprunté.

 

J’ai reçu leur présence comme un cadeau. Nos regards se croisant étaient ceux d’un passé actualisé : celui d’un temps de vie heureux, partagé, malgré les souffrances de la route de chacune.

 

Il faut être forte pour survivre et construire dans le monde dans lequel elles ont été plongée, surement poussée par des adultes, des parents. Je les admire. Mères très tôt, études interrompues, coincées dans un pays qui n’est pas le leur et qu’elles espèrent quitter, elles son,t dans ce moment de rencontre, fidèles à l’affection mutuelle que nous nous portons.

 

Merci à vous deux pour ce pur moment de bonheur, qu’il y en d’autres !

 

Laurence 8 mai 2019



08/05/2019
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