Roseline s'en est allée
Faut-il avoir trop vécu pour quitter à vingt ans ce monde ?
Faut-il avoir trop souffert d’une maladie qui vous ronge ?
Comment prendre à nouveau un train qui a déraillé ?
Comment pousser, seule, dans l’immensité, un cri désespéré ?
Tu ne donneras pas à la vie ce souffle qui te fut enlevé
De tes plus jeunes années ne restent que cendres et fumées
Sang répandu sur la chaussée d’un pays étranger
Soudaine envolée d’un oiseau aux ailes coupées.
Les routes tu les avais remontées seulement pour te soigner
Traversée de terres inconnues et de sables dorés
Arrachant des heures, des souvenirs à ta destinée
Accueillie, protégée, puis rejetée
Les lois internationales sont parfois cruelles
Quand le droit devient fantôme et non passerelle
Et que pour éviter le pire, le retour s’impose aux tourterelles
La paix n’aura bientôt plus d’oiseaux, ils n’ont plus d’ailes
Qui osera couper encore les brins d’olivier ?
Qui portera sur ta tombe la plus belle orchidée ?
Rosaline dans la force de l’âge s’en est allée
Retrouver les ancêtres, pas ses parents bien aimés.
Abandonnée sous la terre dans un cimetière sans nom
Tu as ici construit une histoire qui porte ton prénom
Recueilli une Rose, arrachée au sein maternel avant l’heure
Tu lui donnais ton cœur, ta protection, ta chaleur
Stupide accident de la route sur le chemin du retour
Pas ce qui fait peur, ni lutte fratricide, ni combat
Mais simplement, un choc, un trou, un fatal détour
D’un taxi de brousse au cœur du Nigéria
Rosaline, nous ne te reverrons pas ici bas
Mais garderons de toi le sourire, le désir
D’une vie plus belle : la force de choisir.
…Et une image : l’enfant d’une autre tenue dans tes bras.
Laurence, 20/3/2010
Rosaline, venue vivre et se soigner en Algérie
est décédée un jour de mars 2010, elle rentrait au pays
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