septième jour de retraite j'ouvre les yeux
« J’ai soif »
Je n’arrive pas à le rejoindre sur la croix. Tant de personnes ont soif en ce moment et je ne les entends pas. J’oublie que du lieu où je suis, je peux quelque chose, même de tout petit. Me former, continuer à écrire et dénoncer.
Ouvrir mon être, c’est m’ouvrir à plus grand. M’ouvrir à l’Universel, à l’autre bout du monde, à l’autre, au bout du monde. Participer aux grandes rencontres même sur le Web, c’est apporter ma contribution, la goutte d’eau qui un jour fera déborder le vase de la justice, le vase de la vie.
« J’ai soif ». Ces mendiants du jardin de Port Saîd à Alger ; familles réfugiées syriennes ?
Ces nombreux hommes bruns, dévêtues ou cachés de lambeaux, qui errent dans les quartiers de la ville blanche. Ces corps endormis sur les trottoirs où se pressent ceux et celles qui attendent Iftar[1].
« J’ai soif ». Ces familles nigériennes des grandes villes du sud qui tendent la main pour de l’eau, pour du pain. Ces 15% d’enfants malnutris recensés sur tout le pays, et dont parlent les journaux, corps maigres, orphelins ou parents chômeurs ?
« J’ai soif ». L’attente d’un diplôme et d’un travail. La quête d’un visa pour aller trouver ailleurs une eau translucide et fuir cette eau noire qui finit par empoisonner leur vie et tuer leurs espoirs.
« J’ai soif ». Le rêve, le mirage de ceux qui marchent dans les déserts, de ces peuples parqués sans murs ni clôtures ; condamnés à vivre aux frontières de leurs territoires occupés. Hommes et femmes du Sahara, abandonnés par le monde occidental et par le monde oriental.
« J’ai soif ». Ces pays dont le sol et le sous-sol regorgent de richesses mais dont les champs sont sans cesse pillés. Soif de partage, soif de justice. Soif de pouvoir simplement disposer d’eux-mêmes, de leurs terres et de leurs biens.
« J’ai soif ». Que l’eau vienne tel un déluge emporter leurs armes, leurs machettes, leurs barbes et leurs croix ! Que le déluge nous libère de ce capitalisme inhumain, vampire d’un sang qui coule dans les pipelines !
Ne pas cesser d’avoir soif, jusqu’à en mourir.
Je me réveille d’une trop longue léthargie.
J’irai vers eux d’une façon ou d’une autre.
J’irai vers vous qui êtes venus vers moi sur le bois de la Croix.
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