Perles d'Afrique

Perles d'Afrique

Victimes indirectes du conflit Ivoirien

Nous sommes abreuvés d’images de corps ensanglantés, de populations lancées à la poursuite les unes des autres ; des frères et des sœurs qui, pour nous, de loin se ressemblent tant ! Et se tuent tout autant. Un pays de verdure  taché de rouge.

Nous voyons en quasi eurovision des batailles de rue, des manifestants haineux, des femmes qui hurlent. Deux camps à égalité, apprendrons-nous, en matière de cruauté.

Mais parlera-t-on de cette Jumelle décédée voici trois jours on ne sait trop où en Cote d’Ivoire. Morte par manque de médicaments, par manque de moyen de transport, par manque de place dans les rues livrées au chaos du moment ; morte par manque de lits dans les hôpitaux surchargés de plaies arrachées à la machette, de blessures soufflées à l’arme légère ; surchargés de morts pas à leur place. Ils ont pris la place des vivants, de ceux et celles qui voulaient vivre.

Qui se souvient d’elle hormis sa sœur  ici en Algérie ? Elle pleure son double.  Elle pleure son pays. Ce paradis pour les arbres exotiques, ce trésors pour les caféiers, cette caverne d’Ali Baba pour les bananiers, qui n’a pas su lutter contre un bacille.

Elle aurait pu survivre dans un autre pays, moins riche, moins beau.

Celle qui pleure se sent privilégiée de pouvoir encore se battre pour survivre. Elle part en guerre chaque jour pour trouver de quoi nourrir ces deux enfants de 3 et 1 an que le père abandonne neuf mois de l’année pour se rendre au pays, un autre pays voisin. Heureuse d’avoir encore à supporter le poids d’un loyer exorbitant pour un garage et une douche d’où sortent les rats pour se rassasier des doigts de son dernier né.

Condamnée à errer dans un pays lointain sans protection onusienne. Elle ne peut retourner dans un pays sans famille, sans histoire. Elle est sortie trop tôt, un temps où l’évidence était moindre, où la guerre n’était pas évidente, guerre des nerfs, guerre des sous-entendus, fuite vers un espace plus sécurisant. Sans être plus séduisant.

Pourtant, elle vit.

Elle marche sans papiers dans les rues d’une ville où elle peut avoir accès aux hôpitaux, où sa sœur aurait bénéficié de soins gratuits.

Vie traquée contre mort oubliée.

Dés mal jetés !

                                                                                                                    5 avril 2011 laurence



05/04/2011
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