Perles d'Afrique

Perles d'Afrique

Vivant? pas vraiment...ou l'être humain est-il un Vivant?

Minuit , 25 ou 26 du mois d’octobre, 1er du mois de……

Dans la nuit de notre quartier, au dessus de la fac centrale à Alger, des moutons bêlent. C’est pour le moins inhabituel d’entendre des moutons bêler dans la ville, bêler dans la nuit. Quelques chiens leur répondent. La nuit est habitée, presqu’hantée. Une nuit pas ordinaire c’est le moins que l’on puisse dire tant sur le plan humain que sur le plan religieux.

Des dieux qui souhaitaient des sacrifices. Cela fait penser aux panthéons antiques ; L’humanité reste elle-même malgré tout, immuable, et revit dans le présent ces fantasmes passés.

J’aurais envie de dire, « que mes amies musulmanes et musulmans ne lisent pas ces lignes ». Je ne veux pas choquer, ni juger quoi que ce soit, sauf peut-être l’humain tout entier. Ceci s’adresse autant à moi qu’aux autres. Des questions existentielles, philosophiques même si j’en étais capable. Je ne me place pas sur un terrain religieux, mais anthropologique ; si vous lisez, il faudra aussi  assumer cette dimension et être capable de recul affectif. C’est ainsi qu’il faudra lire ces lignes, ou bien, ne pas les lire.

Que nous faut-il à nous êtres humains pour assouvir notre soif d’exister ? Nous nous entretuons et nous programmons des meurtres d’animaux, soit dans nos abatoires pour ne pas les voir, soit au cours d’une journée où, de plus, cela devient réjouissance; socialement bien.

Minuit 10 minutes, ils bêlent encore.

Comprennent-ils ce qui les attend ? ou simplement sont-ils désorientés par les lieux pour le moins incongrus dans lesquels ils passent leur dernière nuit. Un mouton, Panurge nous redirait qu’il n’aime pas trop être seul. Alors sur son balcon, ou dans sa salle de bain, notre mouton d’en face, ou celui de la voisine d’à coté endure sa solitude et l’inconfortable bergerie d’un soir, le ventre vide !! Avons-nous besoin de contempler la victime pour plus d’efficacité du rite ?

L’Homme a encore besoin de sacrifice. Et les femmes y participent aussi. Est-ce revendication de virilité ; expiation d’une violence retenue ? si seulement cela pouvait canaliser notre violence, mais que nenni ; après demain nous aurons encore nos lots de guerre, de famine organisée, d’empoisonnement à grande échelle par des firmes agricoles sans vergogne, ou des supers puissances pétrolières sans scrupule. A chacun son « aïd ».

Elles jaunissent !elles jaunissent  nos déclarations des droits de l’Homme dans les tiroirs de ceux et celles qui peut-être voulaient le monde à leur image, un monde cloné dans le bonheur, un monde enfoncé dans la torpeur.

Minuit 18, nouvel appel ! ou bien?

Ils ont fini d’aiguiser leurs grands couteaux sur des meulent que de longues courroies font tourner laissant s’élever un feu d’artifice d’étincelles. Demain, ou aujourd’hui, ils trancheront la gorge offerte de ceux qui ce soir bouleversent ma nuit. Offerte ? Jusqu’à quel point ? Aurons-nous des comptes à rendre pour tous nos sacrifices, animaliers ou humains ?

Je pense de plus en plus que l’être humain s’invente des chemins, des systèmes de pensée, propre à justifier sa soif de sang, ou a canaliser sa violence ; il l’a rend socialement acceptable. Cela lui évite des frustrations et des "punitions".Vivre son agressivité est tellement plus facile que se remettre en question, se contrôler, s’imposer des disciplines et parfois le silence. Faire place au vide alors que nous avons soif d’exister, et souvent d’exister à la place de l’autre. C’est tout cela un sacrifice.  Pourtant n’a-t-il pas depuis la nuit des temps découvert le premier des commandements : « tu ne tueras point » ? Transgression ouverte face aux transgressions cachées. Aucun d’entre nous n’est innocent.

Que dira ce Dieu unique, s’il existe, de tout cela ? De sa création et de ses créatures que nous sacrifions sur nos autels ? Pour en manger la chair, ou le sang ! la chair et, répandre le sang !

Minuit 26, ils bêlent. Ils ne dorment pas. Dormiront-ils cette nuit ?

Comme une plainte qui déchire la nuit. Vient-elle du bêlement ou de mon cœur ? de mon cerveau ? une manière d’affirmer ma consternation devant l’étrangeté de nos systèmes de croyance quand ils poussent à sacrifier d’autres êtres vivants pour parvenir à nos fins. Qu’il s’agisse de religieux ou d’affaire ! Sommes nous à ce point déraisonnable ou peu respectueux du Vivant ? ne sommes nous que si peu vivant nous-mêmes ?

Finalement se soir, je me sens bien petite devant la constatation de nos médiocrités. L’être humain peut-il vraiment être le plus évolué du monde des vivants ? De quelle évolution s’agit-il ? Homme, où est-elle ta sagesse, où est-elle ta grandeur ?

Minuit 45, nouveau bêlement.

Je t’abandonne moi aussi. Je vais essayer de dormir sur toutes ces questions. "Demain", je me réveillerai lorsque tu seras sacrifié. Je préparerai du poisson parce que c’est vendredi, et que nous sacrifions les poissons chaque vendredi.

10h10, certains bêlent encore...le ventre vide.

laurence

 



26/10/2012
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