Perles d'Afrique

Perles d'Afrique

Traverser la frontière Italie-France

Traverser une frontière peut paraitre simple.

Nous allons de cimes en valons, de valons en lacs, d'un pays à l'autre, depuis 7 jours.

Chaque nuit de bivouac me paralyse tant le froid est intense.Pourtant, je savoure la liberté de nuits sous les étoiles et la beauté des premières lueurs du matin quand les crêtes s’habillent de rose.

Je leur vole surement la première place dans cette course matinale, tant j'enfile à la hâte tous les vêtements dont je dispose afin de m'extirper de ma tente et de bouger pour ne pas devenir glaçon!

 

En vacances, je souffre par gout des grands espaces, des rencontres improbables : ici des chamois vifs qui disparaissent trop vite, là des hermines qui glissent sur les rochers, ou encore des bouquetins pas peureux pour un sou.

Le cri des marmottes nous prévient de la présence de ces fausses peluches joueuses à chaque flan de montagne herbacée. Sentinelle pour leurs congénères, nous scrutons leurs mouvements espérant les surprendre avant qu'elles ne se terrent.

Les cabris s'amusent en sautillant ou glissant sur les névés. De minuscules poissons s'agitent dans les eaux glacées des lacs à plus de 2000 mètres d'altitude.

Le soleil avive les couleurs des mélèzes et des sapins. Le ciel azur caresse les sommets jusqu'à ce que d'énormes nuages noirs brisent la quiétude de nos marches. Les orages prennent vite place et nous encerclent, nous obligeant au repli. Là un refuge, ou une cabane, où nos frêles tentes que nous espérons assez résistantes. Je cramponne les armatures de la mienne qui tient bon.

Chaque matin, nous reprenons les chemins qui traversent les montagnes, un jour coté France, l'autre coté Italie. Parfois des barbelés rouillés nous rappellent l’existence d'une frontière gardée.

De nombreuses fortifications militaires de 1917 ou de la seconde guerre mondiale tapissent ces lieux autrefois gardés avec les armes, contre des envahisseurs.

 

Aujourd'hui, des adolescents tentent de franchir un peu plus bas ces mêmes frontières. Des enfants peu vêtus s'attaquent à la traversée de contrées figées dans le froid.

Chaque nuit de frisson, de sommeil interrompu par la baisse des températures au dessous de 5°, me ramènent à eux. Comment survivent-ils à cela? Combien de temps encore les obligerons-nous à prendre de tels risques pour avoir un fragment de vie digne, rêvée, espérée?

Je les imagine serrés les uns contre les autres essayant de créer un peu de chaleur dans ces conditions extrêmes.

 

Au lieu de les protéger, nous condamnons ceux qui viennent à leur rencontre dans ces hautes montagnes afin de leur épargner une mort certaine.

 

En croisant des ossements d'animaux, je me dis que quelque part sans doute, un squelette humain git, abandonné dans les larmes, dont jamais les parents ne pourrons faire le deuil.

 

D'un pays à l'autre, nous avons gouter cette liberté offerte, d'une nature qui en continu s'ouvre à la contemplation.

Quelques pancartes de bois, des mots tour à tour italiens ou français, le reste semblable, les mêmes roches, les mêmes essences, les mêmes fleurs, la faune gambadant elle aussi ignorante des frontières. Seuls les hommes et leur soif de possession ont creusé la montagne de capitaineries et de blockhaus!

Aujourd'hui les chamois s'y réfugient donnant un sens à ces grottes artificielles!

Et peut-être aussi quelques gamins s'y trouveront bien, à l'abri pour une nuit.

 

 

Laurence 18 Juillet 2021

 

 

 



18/07/2021
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